Rédigée lors de la révolution française, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, votée le 26 août 1789 par l’Assemblée nationale, contient dans son premier article un principe fondateur de notre société : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. »

Les valeurs de liberté et d’égalité sont fondatrices d’un nouveau modèle humaniste, mettant ainsi fin à la « société d’ordres » dans la nuit du 4 au 5 août 1789 avec l’abolition des privilèges seigneuriaux. Dans cet esprit, l’Assemblée constituante met notamment en place en 1790 un « Comité pour l’extinction de la mendicité » présidé par La Rochefoucauld-Liancourt avec l’affirmation du principe du devoir d’assistance par la Nation et la reconnaissance du « droit des pauvres ».

Menant une réflexion très développée, le comité de mendicité déclina nombre d’idées novatrices issues de la philosophie des Lumières : Affirmation d’un droit de l’individu et d’une obligation de la société, aide accordée à ceux qui sont hors d’état de travailler, centralisation de l’assistance au niveau national, institution d’un service public financé par le budget et priorité au secours donné à domicile.

Les propositions du comité trouvent leur traduction dans la Convention, à travers la deuxième Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 24 juin 1793, ou de l’an 1 de la Ière République, avec la rédaction de l’article 21 : « Les secours publics sont une dette sacrée. La société doit la subsistance aux citoyens malheureux, soit en leur procurant du travail, soit en assurant les moyens d’exister à ceux qui sont hors d’état de travailler. »

Mais le Directoire (1795-1799) prend un contre-pied conservateur et local par rapport aux idées fraternelles de la Constituante et ne met en œuvre que la création, à partir de 1793, de bureaux de bienfaisance dont les membres sont nommés par les municipalités (ancêtres des Bureaux d’aide sociale devenus Centres communaux d’action sociale en 1953).

Les excès révolutionnaires et contre-révolutionnaires, la crise économique, la pauvreté et le pouvoir grandissant de l’armée favoriseront le coup d’état de Napoléon Bonaparte en 1799 avec le Consulat. Ensuite, sur le plan politique, sept régimes vont se succéder : deux Empires (1804-1814 et 1851-1870), trois Monarchies constitutionnelles (1814-1848) et deux Républiques (1848-1851 et après 1870).

Pendant la IIème République et au début de la IIIème République en 1870, les questions sociales reviennent à l’ordre du jour et voient se confronter trois tendances idéologiques :

  • Le libéralisme : L’Etat doit s’occuper le moins possible du travail et du social. Selon la théorie du philosophe écossais Adam Smith, dite de la « main invisible », l’ensemble des actions des forces économiques, sont uniquement guidées par l’intérêt personnel de chacun, contribuent à la richesse et au bien commun.
  • Le collectivisme : Mode d’organisation sociale fondé sur la mise en commun des moyens de production économique. Il s’inspire des courants du socialisme, utopique (Louis Blanc, Charles Fourier…) et scientifique (Karl Marx). Il s’est traduit par la création des Ateliers nationaux en 1848 et des syndicats ouvriers.
  •  Le solidarisme : Philosophie politique développée par le Député radical Léon Bourgeois dans son ouvrage Solidarité (1896). Le solidarisme se définit comme : « le lien fraternel qui oblige tous les êtres humains les uns envers les autres, nous faisant un devoir d’assister ceux de nos semblables qui sont dans l’infortune. » Ce mouvement donne naissance aux coopératives et aux sociétés de secours mutuel.

Un siècle après la révolution française, un Congrès de l’assistance se réunit Paris en 1889 et rédige une charte fondatrice pour les futures lois, comme celles de 1893 sur l’assistance médicale gratuite, de 1898 créant un régime d’indemnisation des victimes d’accidents du travail, de 1904 relative à l’éducation des pupilles de l’assistance publique et de 1905 sur l’assistance aux vieillards, aux infirmes et aux incurables. En d’autres termes, avec ces différentes lois, la IIIème République permet l’accès des enfants à l’école, leur protection quand ils sont orphelins, l’accès aux soins des malades, à la solidarité des personnes âgées et handicapées et à l’indemnisation des travailleurs accidentés.

Afin de que le mot « Homme » décrive l’ensemble du genre humain, il faudra attendre la Constitution du 27 octobre 1946 de la IVème République pour y voir écrit dans son préambule que : « La loi garantit à la femme, dans tous les domaines, des droits égaux à ceux de l’homme. » Cet engagement se traduira notamment par l’accès des femmes au droit de vote à partir de cette année-là.